Thierry Breton démissionne de la Commission et attaque von der Leyen sur sa “gouvernance douteuse”
Dans une lettre publiée en ligne, Thierry Breton accuse la cheffe de la Commission d'essayer de pousser Emmanuel Macron à se débarrasser de lui.
BRUXELLES – Le commissaire européen français Thierry Breton a démissionné lundi et accusé sa patronne Ursula von der Leyen de lui avoir porté atteinte. Il met fin à son mandat immédiatement à Bruxelles, jetant le trouble sur la transition du pouvoir au sein de l’Union européenne.
Emmanuel Macron a proposé Thierry Breton pour un second mandat à Bruxelles fin juillet, mais celui-ci a retiré sa candidature. Il accuse dans un courrier, publié sur X, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, d’avoir agi dans son dos pour tenter de convaincre le président français de se débarrasser de lui.
“Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom, pour des raisons personnelles dont vous n’avez en aucun cas discuté directement avec moi”, a écrit Thierry Breton dans ce courrier.
“Au cours des cinq dernières années, je me suis efforcé sans relâche de défendre et de promouvoir le bien commun européen, au-delà des intérêts nationaux et partisans. Ce fut un honneur”, écrit M. Breton dans sa lettre.
“Toutefois, à la lumière de ces derniers développements — qui témoignent à nouveau d’une gouvernance douteuse — je dois conclure que je ne peux plus exercer mes fonctions au sein du collège”, a-t-il écrit.
Cette décision constitue un rebondissement inattendu et explosif dans la transition post-électorale de l’UE, qui a déjà été paralysée par les manœuvres nationales et la tentative d’Ursula von der Leyen de former un collège de commissaires paritaire.
Thierry Breton accuse dans son courrier Ursula von der Leyen d’avoir proposé à la France un portefeuille plus influent si Emmanuel Macron changeait de candidat, une tactique qu’elle aurait essayée avec des pays membres plus petits de l’UE. Sous sa pression, la Slovénie et la Roumanie ont déjà retiré des candidats masculins et les ont remplacés par des femmes.
Les tensions concernant le portefeuille potentiel de la France au sein de la prochaine Commission européenne ont explosé ces derniers jours entre Paris et Bruxelles. “La France n’est pas satisfaite de l’étendue du portefeuille attribué à Thierry Breton”, a déclaré un haut fonctionnaire macroniste, avant de s’en prendre aux rumeurs selon lesquelles le commissaire choisi par l’Italie obtiendrait un poste convoité dans le domaine de l’économie.
Les relations entre Thierry Breton et sa patronne ont été tendues tout au long de leurs mandats, tous deux s’affrontant à plusieurs reprises en privé et en public au cours des cinq dernières années.
Le départ de Thierry Breton signifie que l’exécutif français devra nommer un nouveau candidat au poste de commissaire.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Alexandre Léchenet.