Les casinos en ligne préparent leur coup de poker
La source d’informations quotidiennes sur tech en France. Par KLARA DURAND Avec OCEANE HERRERO & TIPHAINE SALIOU Infos, tuyaux et mini-drames à partager ? Ecrivez à Océane Herrero, Klara Durand et Tiphaine Saliou | Voir dans votre navigateur AU MENU — Casinos en ligne : le secteur se prépare à la légalisation. — Un café […]
La source d’informations quotidiennes sur tech en France.
Par KLARA DURAND
Avec OCEANE HERRERO & TIPHAINE SALIOU
Infos, tuyaux et mini-drames à partager ? Ecrivez à Océane Herrero, Klara Durand et Tiphaine Saliou | Voir dans votre navigateur
AU MENU |
— Casinos en ligne : le secteur se prépare à la légalisation.
— Un café avec Vanessa Kaplan, déléguée générale du Syndicat du jeu vidéo.
— La Cour des comptes se penche sur l’usage de l’IA dans les administrations.
Bonjour à toutes et à tous, en ce mercredi 23 octobre nous sommes ravies de vous retrouver pour une nouvelle journée !
LE FAIT DU JOUR |
LA FRANCE AIME LES JEUX. Pour une surprise, c’était une surprise. Samedi soir est apparu sur le site de l’Assemblée nationale un amendement gouvernemental explosif : le texte a pour but de légaliser les casinos en ligne. Une boîte de pandore pour le secteur, divisé entre les acteurs du jeu en ligne, les casinotiers “physiques” et les acteurs historiques que sont la Française des jeux (FDJ) et le PMU. Tous les yeux se tournent aujourd’hui vers ces derniers.
Les opérateurs du jeu en ligne, regroupés au sein de leur asso l’Afjel, ont toujours joué carte sur table et dit leur souhait d’ouvrir le marché des casinos en ligne en France. Ce sont eux qui ont gagné cette première manche. Car l’amendement qu’ils ont fait circuler auprès des responsables politiques, et que votre infolettre a pu obtenir, semble avoir inspiré celui du gouvernement, et a été repris quasiment mot pour mot par les députés Thomas Cazenave (EPR) et Virginie Duby-Muller (DR).
Leur argumentaire a d’autant plus de poids que l’Afjel peut compter depuis mars sur un nouveau membre puissant : le PMU, dont la directrice générale Emmanuelle Malecaze-Doublet a, au passage, été nommée vice-présidente du lobby. Car le spécialiste des courses hippiques, qui souhaite élargir sa base de joueurs au-delà des aficionados du cheval, anticipe depuis des mois l’éventualité d’une légalisation des casinos en ligne, selon une source interne interrogée par votre infolettre.
Ça leur fiche les jetons. Le PMU n’est pas forcément le seul à piaffer dans sa stalle. La FDJ a en effet bouclé ces dernières semaines son offre publique d’achat sur l’opérateur suédois Kindred. Le but : devenir un “champion européen des jeux d’argent et de hasard”, ambitionne le groupe. Kindred gère déjà des casinos en ligne dans plusieurs pays européens et pourrait permettre à la FDJ de se faire rapidement une place dans le secteur, notent deux lobbyistes auprès de Tech Matin.
Dans la presse, l’entreprise détenue à 20% par l’Etat a officiellement émis des “réserves” concernant l’amendement gouvernemental et noté “que les casinos en ligne présentent plus de risques que les autres jeux d’argent et de hasard”.
Ne pas faire tapis. Pour autant, la partie n’est pas gagnée d’avance pour les défenseurs du casino en ligne. D’abord parce que ça a chauffé en réunion interministérielle, comme vous le racontent mes collègues de Paris Influence. Tous les cabinets concernés par le sujet n’avaient pas été informés de cet amendement, de même que l’Autorité nationale des jeux (ANJ), qui selon deux sources proches, l’a découvert tout cuit et publié.
Ensuite, parce que le projet pourrait ne pas emballer le Sénat, dont la majorité a bien souvent défendu le modèle actuel : des casinos physiques, dont la fiscalité finance abondamment leurs collectivités locales d’implantation.
JEU VIDÉO |
UN CAFÉ AVEC… VANESSA KAPLAN. La nouvelle déléguée générale du Syndicat des jeux vidéo (SNJV) est en “opération réseautage” depuis le début de son mandat en juin, nous confie-t-elle, alors que nous échangeons dans le café d’un immeuble de coworking du 9e arrondissement parisien. Elle souhaite resserrer les liens avec les politiques et faire du syndicat “un interlocuteur incontournable”.
La Paris Games Week, qui débute aujourd’hui au parc des expositions, à Paris, est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur le secteur et ses acteurs français. Justement, le syndicat organise demain une matinée dédiée aux leviers d’investissement dans l’industrie. La ministre de la Culture Rachida Dati a promis d’y faire une apparition. “Un très bon signal”, se réjouit la déléguée générale.
L’objectif de cette matinée : favoriser les rencontres entre les élus, les financeurs publics — comme le CNC — et les investisseurs privés. Ces derniers sont “peu enclins à financer le secteur du jeu vidéo”, souligne Vanessa Kaplan, qui entend bien leur présenter “les dispositifs de soutien à l’industrie”, comme le crédit d’impôt jeu vidéo. “Nous voulons montrer aux fonds privés que nous sommes un secteur durable et générateur d’opportunités”, insiste la lobbyiste. Une mission pas si aisée, alors que les studios français connaissent des difficultés financières et que des plans sociaux sont envisagés chez Ubisoft et Don’t Nod.
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE |
ET POURQUOI PAS UN PEU D’IA ? Dans un rapport publié hier, la Cour des comptes s’étonne que le ministère de l’Economie n’ait pas recours — ou si peu — à l’intelligence artificielle (IA).
Parlez-vous. “Le recensement réalisé par la Cour ne fait apparaître aucun projet d’IA concernant les directions d’‘état-major’”, déplore-t-elle, à l’exception du système LLaMendement. Ce modèle d’IA, développé par la direction générale des finances publiques, trie et résume les amendements. Il pourrait intéresser d’autres directions, comme celle du budget ou du fisc, font valoir les magistrats.
La direction générale du Trésor est également invitée à s’emparer de cette technologie : les intelligences artificielles de classification ou de “prédiction” pourraient “présenter un intérêt”, estime les sages. Notamment pour élaborer des prévisions de conjoncture économique et “analyser les effets potentiels de projets de réforme”.
DU CÔTÉ DE BRUXELLES |
ÇA TOURNE. Les télécoms et la cybersécurité seront les deux priorités numériques de la Pologne, qui prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne le 1er janvier, selon une note du ministère du Numérique polonais, consultée par mon collègue Mathieu Pollet. Varsovie souhaite lancer rapidement les négociations sur le Digital Networks Act. Il compte même sur une proposition de la Commission début janvier, et l’adoption d’un rapport d’étape d’ici l’été.
Autre priorité : réviser le Cybersecurity Act au deuxième trimestre 2025. Les Polonais préparent une recommandation pour améliorer les procédures de coordination des Etats-membres lors des cyberincidents de grande ampleur.
AGENDA |
Toute la journée, et jusqu’au 27 octobre, Paris Games Week, à Paris Expo Porte de Versailles.
A 9h30, élection du président et des membres du bureau de la commission des Lois du Sénat.
A 10 heures, Conseil des ministres.
A 17 heures, réunion des membres permanents de l’Alliance de presse d’information généraliste (Apig) sur les influenceurs d’information.
RESTEZ BRANCHÉS |
— L’ancienne vice-présidente de la région Grand Est, est soupçonnée d’avoir perçu de l’argent de Huawei, via sa société de conseil, alors que groupe chinois doit ouvrir une usine dans la région d’ici à 2026, dévoile Challenges.
— Dans une lettre ouverte, plus de 10 500 acteurs, musiciens et auteurs — dont le chanteur Thom Yorke et l’actrice Julianne Moore — dénoncent “l’utilisation sans licence d’œuvres créatives” pour développer des systèmes d’intelligence artificielle, rapporte le Washington Post.
Un grand merci à : notre éditrice Tiphaine Saliou et Jean-Christophe Catalon.